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XVII° et XVIII° siècles : est-ce le passage de l'harmonie au chaos ?

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02102016

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Ce problème a été soulevé lors du dernier café du 29/09/16 consacré au concept d'âme à partir d'un texte d'Aristote. Voici la réponse qui peut être donnée à l'aide du philosophe Luc Ferrry (Kant et les Lumières, collection Sagesses d'hier et d'aujourd'hui).

XVII° et XVIII° siècle : Est-ce le passage de l’harmonie au chaos ? (Bernard Millereux)

L’idée largement dominante chez les Grecs (Stoïciens, Platon, Aristote, …) est que l’univers est un cosmos (grec  kosmos, ordre du monde), c’est-à-dire un ordre comparable à ce qu’un biologiste observe quand il ouvre le ventre d’un lapin et qu’il examine à quoi ressemble un organisme vivant.

Cet ordre est désigné comme divin (theion en grec) et cette représentation du monde comme un gigantesque être vivant permettait aux Grecs anciens de résoudre les trois problèmes que Kant va reposer en termes tout à fait neufs, dans ses trois critiques : le problème de la connaissance, le problème de la morale et le problème de l’esthétique ou des critères du Beau.

Sur le plan de la théorie de la connaissance, pour l’essentiel, la tâche de la science (qui ne se sépare pas à l’époque de la philosophie) consiste avant tout à découvrir, au sens propre du terme, c’est-à-dire à lever le voile sur le caractère divin du monde : faire une dé-couverte c’est lever le voile sur une harmonie déjà inscrite dans les choses mêmes.

Pour parodier une phrase de Gaston Bachelard (philosophe des sciences), pour les Grecs « tout est donné, rien n’est construit ». Pour Kant, qui fonde la philosophie moderne des sciences, c’est l’inverse : rien n’est donné, tout est construit … ou à construire.

Il en est de même du problème moral : l’être humain, pour être juste, doit s’ajuster à l’harmonie du cosmos, à l’harmonie de l’univers, de la nature. (exemple : la cité juste dans la République de Platon avec la hiérarchie naturelle des êtres dans laquelle les meilleurs par nature sont en haut, occupant les places supérieures, les moins bons ou plus mauvais ( !) artisans, ouvriers ou esclaves restent au bas de l’échelle). D’une certaine manière, cette cité hiérarchique qui imite l’ordre naturel du monde, continuera de dominer la vie politique européenne de la féodalité jusqu’à la révolution française : les meilleurs par nature, les aristocrates étaient en haut de l’échelle sociale … et les serfs en bas.

Avec la révolution des Lumières  (Kant, … et d’autres philosophes), avec la révolution scientifique (physique de Galilée, principe d’inertie de Descartes, physique de Newton), on passe « du monde clos à l’univers infini », de l’ordre comique des Grecs à la physique moderne. C’est une révolution intellectuelle analogue, sur le plan politique, à la Révolution française.

L’espace et le temps sont désormais infinis, la nature apparaît comme un chaos, à priori dénué de sens : l’être humain ne possède plus de « lieu naturel », pour reprendre l’expression d’Aristote.

Les grands esprits de l’époque furent bouleversés par l’émergence de cette nouvelle vision du monde :

n  Pascal : « le silence des espaces infinis effraie »

n  Le poète John Donne (1611) : « La philosophie (physique) nouvelle rend  tout incertain

L’élément du feu est tout à fait éteint

Le soleil est perdu et la terre ; et personne aujourd’hui

Ne peut plus nous dire où chercher celle-ci

Tout est en morceaux, toute cohérence disparue.

Plus de rapport juste,  rien ne s’accorde plus. »

[L’essentiel de ce texte provient de « Kant et les lumières », Luc Ferry, Sagesses  d’hier et d’aujourd’hui].
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Bernard

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