Nous vivons à l'ère d'une hypertrophie du moi, selon la psychanalyste Clotilde Leguil
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Nous vivons à l'ère d'une hypertrophie du moi, selon la psychanalyste Clotilde Leguil
[size=32]Clotilde Leguil : « Nous vivons à l’ère d’une hypertrophie du moi »[/size]
Basculement du monde 4|6. Alors que le narcissisme de masse s’étend avec les relations numérisées, la psychanalyse représente un « Autre », en chair et en os, nécessaire en ce qu’il est capable d’entendre sans juger, observe la psychanalyste Clotilde Leguil.
Que devient la psychanalyse à l’époque de la mondialisation ? La question se pose de façon cruciale aujourd’hui, car les nouvelles technologies captent le psychisme de chacun et absorbent la libido de tous. Elles modifient le rapport des êtres à eux-mêmes en médiatisant les relations entre les individus. Elles changent le statut de la parole et du langage, celui de l’intimité et du secret, celui de l’image et du récit de soi. Les multiples applications régissant dorénavant les rapports sociaux, amoureux et amicaux s’introduisent par là même au cœur de l’existence de chacun. Elles réorientent le rapport à soi et à l’Autre en accélérant toujours davantage les processus de transmission d’informations et d’exhibition de l’intime.
C’est le rapport du sujet à sa propre temporalité existentielle qui s’en voit transformé. Les confessions, les aveux, les dévoilements foisonnent sur la Toile. La rapidité, la fulgurance, l’accélération, le « toujours plus et toujours plus vite » disent l’esprit de l’époque de ce nouveau moi mondialisé.
Car ce qui se mondialise, ce ne sont pas seulement les échanges économiques, les rapports sociaux et les relations politiques, mais l’intimité de chacun. Comme si le « noyau de notre être » – « das Kern unseres Wesen », disait Freud –, qui nous échappe à nous-même, était livré à un Autre sans visage, sans désir, sans incarnation, mais pas sans voracité : l’Autre de la Toile, des réseaux sociaux, des « like »et des « don’t like ».
Nous vivons donc à l’époque d’une hypertrophie du moi, corrélative d’une mondialisation de l’exigence pulsionnelle de chacun. Le narcissisme de masse est le trait distinctif du moment actuel. La promotion de soi ne connaît pas de limite. Le rapport à la sexualité que Freud a transformé en son temps en libérant la parole n’est plus frappé d’interdit et de répression. Chacun veut jouir plus et compte bien souvent sur les nouvelles technologies pour répondre efficacement au manque. Parfois même à l’angoisse et à la déréliction.
Se conformer à l’air du temps ?
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Bonne lecture
Bernard
Bernard- Messages : 153
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