Le tabou de l'inceste, pour Lévi-Strauss, permet le passage de la nature à la culture : le primatologue Bernard Chapais contest cette théorie ....
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Le tabou de l'inceste, pour Lévi-Strauss, permet le passage de la nature à la culture : le primatologue Bernard Chapais contest cette théorie ....
par Bernard Mar 10 Oct - 12:49
Le primatologue Bernard Chapais a observé l’évitement de l’inceste chez les grands singes. (Article de Anne Both, Le Monde du 06/10/17)
L’homme est-il un primate comme les autres ? Pour le primatologue canadien, Bernard Chapais, le débat entre nature et culture n’a plus lieu d’être : les origines de la parenté humaine relèveraient fondamentalement de la biologie.
Cette position audacieuse s’oppose à plus d'un demi-siècle de travaux sur la famille dont les plus connus sont ceux de Lévy- Straus avec son livre « les structures élémentaires de la parenté ». Selon cette dernière, la transition de la nature à la culture, autrement dit l’origine de la société humaine, s’opère avec l’apparition du tabou de l’inceste et le fait de prendre un partenaire dans un autre groupe que le sien (exogamie) dans un échange réciproque.
Bernard Chapais s’efforce de montrer que, contrairement à ce que pensait l'anthropologue français, les comportements des humains sont loin d'être affranchis de leur héritage génétique. Mais, explique-t-il, « notre espèce est la seule dont le système social est invisible : il serait enfoui sous la multitude des formes culturelles qu’il a engendrées ».
L’auteur du livre « Aux origines de la société humaine », (Seuil), nous apprend que les rapports consanguins n’existent pas chez les primates. En effet, à l’âge de la maturité sexuelle, les femelles chimpanzés et bonobos ainsi que les mâles gorilles quittent définitivement leur groupe de naissance pour un autre afin de trouver un partenaire sexuel. Le fait qu’ils soient élevés ensemble auprès de leur mère longtemps après le sevrage leur permet de distinguer leurs frères, leurs sœurs et leurs aïeux (grand-père ou grand-mère), la reconnaissance des membres de sa propre famille étant la condition siné qua non pour éviter l’inceste. Enfin, l’effet Westermarck, décrit au début du siècle dernier par l’anthropologue finlandais du même nom, selon lequel plus le degré de familiarité est élevé entre deux individus, plus l’indifférence sexuelle augmente, s’applique aux primates.
N’en déplaise à Freud et à de nombreux autres, l’évitement de l’inceste serait donc naturel. Dès lors, il ne serait pas plus une création humaine que l’échange de partenaires entre groupes, comportement remontant à plusieurs millions d’années….
Bernard Chapais reconnaît qu’en 1949, date de publication du livre de Lévi-Strauss, les connaissances en primatologie étaient passablement ténues. En revanche, il se montre moins complaisant avec ses collègues anthropologues contemporains qui persistent à ignorer systématiquement les facteurs biologiques dans l’explication des phénomènes sociaux. D’après lui la polygamie serait anecdotique, relativement récente (à l’échelle de l’humanité) et réservée à un petit nombre d’individus suffisamment riches pour nourrir plusieurs femmes. D’où le fait que la monogamie soit le modèle le plus largement répandu chez les humains. Elle aurait été adoptée par Pan homo (notre ancêtre commun avec les grands singes) pour ses avantages. Elle limite les efforts que doivent fournir les mâles pour nourrir leur progéniture, évite la concurrence sexuelle pour les femelles, permettant ainsi une coopération, une interdépendance dans le groupe et des relations plus pacifiées avec les autres groupes.
Heureusement, Bernard Chapais nous rappelle qu’il est quantité de comportements propres à l’homme, comme les alliances, très utiles en cas de conflit, ou le contrôle parental sur les choix conjugaux.Autant de domaines dans lesquels la « nature humaine » continue d’exceller.
L’homme est-il un primate comme les autres ? Pour le primatologue canadien, Bernard Chapais, le débat entre nature et culture n’a plus lieu d’être : les origines de la parenté humaine relèveraient fondamentalement de la biologie.
Cette position audacieuse s’oppose à plus d'un demi-siècle de travaux sur la famille dont les plus connus sont ceux de Lévy- Straus avec son livre « les structures élémentaires de la parenté ». Selon cette dernière, la transition de la nature à la culture, autrement dit l’origine de la société humaine, s’opère avec l’apparition du tabou de l’inceste et le fait de prendre un partenaire dans un autre groupe que le sien (exogamie) dans un échange réciproque.
Bernard Chapais s’efforce de montrer que, contrairement à ce que pensait l'anthropologue français, les comportements des humains sont loin d'être affranchis de leur héritage génétique. Mais, explique-t-il, « notre espèce est la seule dont le système social est invisible : il serait enfoui sous la multitude des formes culturelles qu’il a engendrées ».
L’auteur du livre « Aux origines de la société humaine », (Seuil), nous apprend que les rapports consanguins n’existent pas chez les primates. En effet, à l’âge de la maturité sexuelle, les femelles chimpanzés et bonobos ainsi que les mâles gorilles quittent définitivement leur groupe de naissance pour un autre afin de trouver un partenaire sexuel. Le fait qu’ils soient élevés ensemble auprès de leur mère longtemps après le sevrage leur permet de distinguer leurs frères, leurs sœurs et leurs aïeux (grand-père ou grand-mère), la reconnaissance des membres de sa propre famille étant la condition siné qua non pour éviter l’inceste. Enfin, l’effet Westermarck, décrit au début du siècle dernier par l’anthropologue finlandais du même nom, selon lequel plus le degré de familiarité est élevé entre deux individus, plus l’indifférence sexuelle augmente, s’applique aux primates.
N’en déplaise à Freud et à de nombreux autres, l’évitement de l’inceste serait donc naturel. Dès lors, il ne serait pas plus une création humaine que l’échange de partenaires entre groupes, comportement remontant à plusieurs millions d’années….
Bernard Chapais reconnaît qu’en 1949, date de publication du livre de Lévi-Strauss, les connaissances en primatologie étaient passablement ténues. En revanche, il se montre moins complaisant avec ses collègues anthropologues contemporains qui persistent à ignorer systématiquement les facteurs biologiques dans l’explication des phénomènes sociaux. D’après lui la polygamie serait anecdotique, relativement récente (à l’échelle de l’humanité) et réservée à un petit nombre d’individus suffisamment riches pour nourrir plusieurs femmes. D’où le fait que la monogamie soit le modèle le plus largement répandu chez les humains. Elle aurait été adoptée par Pan homo (notre ancêtre commun avec les grands singes) pour ses avantages. Elle limite les efforts que doivent fournir les mâles pour nourrir leur progéniture, évite la concurrence sexuelle pour les femelles, permettant ainsi une coopération, une interdépendance dans le groupe et des relations plus pacifiées avec les autres groupes.
Heureusement, Bernard Chapais nous rappelle qu’il est quantité de comportements propres à l’homme, comme les alliances, très utiles en cas de conflit, ou le contrôle parental sur les choix conjugaux.Autant de domaines dans lesquels la « nature humaine » continue d’exceller.
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