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Quelle des sociologues : "une sociologie qui se focalise trop sur les discriminations"

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Message par Bernard Jeu 23 Nov - 17:44

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/11/23/olivier-galland-une-sociologie-qui-se-focalise-trop-sur-les-discriminations_5219253_3232.html

[size=32]Olivier Galland : « Une sociologie qui se focalise trop sur les discriminations »[/size]

Dans le dernier numéro de la revue « Le Débat », le directeur de recherche au CNRS, auteur d’une enquête auprès de lycéens dans les quartiers populaires, reproche aux travaux sur l’immigration de ne pas aborder la question culturelle. Extraits.

Dans le dernier numéro de la revue Le Débat, plusieurs sociologues ont vivement critiqué l’approche trop militante de certains de leurs confrères et remis en question l’héritage de Pierre Bourdieu. Le Monde publie des extraits de ces articles et une réponse des incriminés. Ici, extrait de l’article d’Olivier Galland. Directeur de recherche au CNRS, il a dirigé avec Anne Muxel Une jeunesse radicale ? Enquête auprès des lycéens, à paraître aux PUF en avril.]

« L’attitude à l’égard de l’homosexualité est un marqueur très clivant de libéralisme culturel et, sur ce plan, les contrastes entre les jeunes selon leur origine nationale ou leur religion sont très forts : 43 % des jeunes originaires du Maghreb et 45 % des jeunes musulmans ne sont « pas du tout d’accord » avec l’idée que « l’homosexualité est une façon comme une autre de vivre sa sexualité » (contre 9 % des jeunes dont les deux parents sont nés en France, 12 % des catholiques et 6 % des sans-religion). Sur la place des femmes, les contrastes sont un peu moins marqués mais restent forts : 43 % des jeunes d’origine maghrébine (et seulement 30 % des garçons de cette origine) ne sont « pas du tout d’accord » avec l’idée que « le rôle principal des femmes est de s’occuper de la maison et des enfants », contre 67 % des jeunes d’origine française. En matière de laïcité, les écarts sont également marqués : 45 % des jeunes d’origine maghrébine ne trouvent « pas du tout normal » que « les jeunes filles qui souhaitent porter le voile en raison de leurs convictions religieuses ne puissent pas le faire à l’école », contre 11 % des jeunes d’origine française. Bref, sur bien des points, l’univers de valeurs des jeunes originaires du Maghreb et des jeunes musulmans forme un contraste saisissant avec celui des jeunes d’origine française ou des jeunes catholiques ou sans religion. (…)

Les résultats de cette recherche contrastent avec les conclusions de l’enquête Teo (« Trajectoires et origines »), de l’Ined

Mais les choses se compliquent encore lorsqu’on étudie les attitudes spécifiquement religieuses de nos lycéens. Sur ce plan, une partie certes minoritaire mais non négligeable des jeunes musulmans adhère à une conception de la religion que l’on peut qualifier d’« absolutiste » : d’après nos indicateurs, environ un tiers des lycéens musulmans sont dans ce cas. Ils rejettent toute idée de relativisme religieux et considèrent que la « vraie religion » à laquelle ils adhèrent doit s’imposer aux autres sphères de la vie sociale. Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, l’idée selon laquelle l’usage de la violence est tolérable est assez répandue. Je n’ai pas la place de développer ce point et je ne donne qu’une indication (mais corroborée par d’autres questions) : un tiers de nos lycéens jugent acceptable de « participer à une action violente pour défendre ses idées ». Sur ce point, d’ailleurs, il n’y a pas d’écarts en fonction de l’origine ou de la religion. Une partie non négligeable de ces lycéens semble partager une culture de la violence (et de la déviance).

Je ne développe pas plus avant les résultats de cette recherche. J’en ai simplement présenté quelques traits pour souligner le contraste qu’ils forment avec les conclusions de l’enquête Teo [« Trajectoires et origines », de l’Ined] et, plus largement, avec les idées communément admises par les sociologues français qui travaillent de près ou de loin sur l’immigration. L’idée principale de ces travaux est que la question presque exclusive de la jeunesse d’origine immigrée est celle de la discrimination. La question culturelle est présentée comme quelque chose de secondaire qui n’est que le résultat – positif ou négatif – du degré d’intégration socio-économique, freiné par les pratiques discriminatoires. Lutter contre les discriminations econception est fausse. (…) Il est donc urgent de produire une interprétation de cette crise de l’intégration des descendants d’immigrés. Pour le faire, il me semble nécessaire d’adhérer à une conception de la sociologie comme une science positive, qui assume une position d’extériorité et de neutralité par rapport aux acteurs sociaux et à leurs engagements. »


Bernard

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