Partis traditionnels, PS et LR, voire le Front National, et nouveaux mouvements, LRM et LFI, ont des strutures différentes : quelles sont-elles ? ont

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Message par Bernard Ven 15 Sep - 20:01

[size=32]La République en marche et La France insoumise, mouvements de haut en bas[/size]

Derrière leur apparente absence de hiérarchie, les organisations politiques créées par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon laissent peu de place à la parole des militants.

LE MONDE IDEES | 15.09.2017 à 10h43 • Mis à jour le 15.09.2017 à 11h47 | Par Patrick Roger

Où sont passés les partis politiques traditionnels qui, pendant des décennies, ont structuré le paysage politique français ? Les candidats des deux grandes formations de gouvernement ont été évincés du second tour de l’élection présidentielle. Le Parti socialiste (PS) a été laminé lors des élections législatives et s’interroge sur son avenir. Les Républicains (LR) ont sauvé les meubles mais, minés par leurs querelles idéologiques et les ambitions rivales, se cherchent une ligne « refondatrice ». Divisés, fragmentés, groggy, l’un et l’autre ont désormais renoncé à leurs rituelles universités d’été.

Individualisation et personnalisation

En à peine plus d’un an d’existence, La République en marche (LRM) et La France insoumise (LFI) apparaissent comme les deux principales forces politiques, du moins en nombre d’adhérents. Alors que LR revendique 230 000 adhérents, le PS 120 000 et le Front national (FN) 85 000, LRM en affiche 380 000 et LFI 540 000. Une différence de taille, cependant : l’adhésion, pour les deux dernières, passe par un simple clic, sans obligation de cotiser. Tous ces chiffres sont évidemment à prendre avec la plus grande prudence. Le vote sur les statuts de LRM, en juillet, avait mobilisé 72 000 votants, soit moins d’un tiers des 225 000 adhérents ayant au moins trois mois d’ancienneté.

« Pour la nouvelle génération, avec la transformation des modes de communication, la forme parti politique, hiérarchisée, disciplinée, n’est plus adaptée », observe Florence Haegel, professeure à Sciences Po

La caractéristique commune de ces deux formations – que tout oppose sur le plan de l’orientation idéologique – est de privilégier la forme « mouvement » par rapport à celle du parti. Est-ce le début de la fin du modèle partidaire né dans l’Europe du XXe siècle ? « Pour la nouvelle génération, avec la transformation des modes de communication, la forme parti politique, hiérarchisée, disciplinée, n’est plus adaptée, observe Florence Haegel, professeure à Sciences Po. Dans les années 1990, cette évolution s’est traduite par l’essor des think tanks. Chacun voulait son club de réflexion. Aujourd’hui, il s’agit d’avoir son club de mobilisation. »

Individualisation et personnalisation de la vie politique sont désormais les grands ressorts de l’évolution des structures politiques. Jusque dans un passé récent, « la fonction des partis était simple, rappelle Pierre Rosanvallon, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ils organisaient le monde politique à partir de la vie sociale. Le parti politique était un système aspirant et ascendant. Il y avait des groupes sociaux, des réalités sociales, et on leur donnait une expression ». Autrement dit, les partis politiques étaient des structures qui allaient de bas en haut.

« Dans ce qu’on appelle les mouvements politiques, par opposition aux partis, on va du haut vers le bas. C’est une personne qui propose à la société de s’identifier à elle. L’offre politique détermine la demande, alors qu’avant la demande était censée gouverner l’offre », l’historien Pierre Rosanvallon

« Aujourd’hui, dans ce qu’on appelle les mouvements politiques, par opposition aux partis, on va du haut vers le bas. C’est une personne qui propose à la société de s’identifier à elle. L’offre politique détermine la demande, alors qu’avant la demande était censée gouverner l’offre », relevait l’historien dans son discours de clôture du colloque « 2017, la révolution de velours ? », le 7 septembre. La dernière élection présidentielle n’a fait en quelque sorte que consacrer ce phénomène : elle a porté à l’Elysée un président affranchi d’attaches partisanes, qui, pour construire sa marche vers le pouvoir, a créé de toutes pièces un mouvement à ses initiales, stade suprême de la personnalisation.

Le PS, un contre-modèle

Ces mouvements veulent échapper à la lourdeur bureaucratique des anciens appareils et à l’empilage des structures intermédiaires. Place à une organisation en rhizome, qui prétend faire la part belle à la réactivité, l’efficacité, l’autonomie et la performance, favoriser les rapports horizontaux entre les « collaborateurs » et escamoter les « petits chefs ». Ainsi que le théorisaient Luc Boltanski et Eve Chiapello il y a près de vingt ans (Le Nouvel Esprit du capitalisme, Gallimard, 1999), les nouveaux modes de militantisme s’adapteraient en quelque sorte aux mutations du système capitalisme, au monde réticulaire de la « cité par projets ».

Chacune à sa manière, LFI et LRM s’inscrivent dans cette veine. Pour une bonne part, leur rejet de la forme partidaire traditionnelle se nourrit du contre-modèle qu’est devenu à leurs yeux le PS, dont un certain nombre de leurs cadres sont issus, à commencer par Jean-Luc Mélenchon lui-même. « Ils ont tiré de leurs expériences militantes leur refus des baronnies locales. Ils ne veulent pas de l’entre-soi qu’est devenu le PS. Ils constatent que ce parti s’est complètement vidé parce qu’il n’avait plus que des intérêts électoraux », note Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques à l’université Lille-II.

A la forme pyramidale des « vieux partis » se substitue l’organisation en réseau, aux relations verticales et centralisées sont préférés des liens horizontaux et informels, avec pour leitmotiv le refus de l’institutionnalisation et de la bureaucratisation. L’absence apparente de hiérarchie, de structures intermédiaires, voire d’élections internes est théorisée. « Plus notre mouvement restera élastique, souple, malléable, plus on sera fort. Plus on cherchera à se structurer, plus on sera fragile », expliquait Adrien Quatennens, député LFI du Nord, dans un entretien au Parisien du 27 août.

« Le paradoxe de ces nouvelles organisations, c’est qu’elles sont bien peu démocratiques. C’est du neuf qui est en fait un retour à des formes très anciennes d’organisation politique que l’on croyait disparues », estime Frédéric Sawicki, professeur en sciences politiques

Est-ce un gage de renouvellement de la démocratie interne ? « On a là une fausse horizontalité : pas de strates ou de corps intermédiaires, mais des référents nommés d’en haut, estime Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à l’université Paris-I. En revanche, pas de possibilité pour les adhérents d’élire leurs responsables et un chef. Le paradoxe de ces nouvelles organisations, c’est qu’elles sont bien peu démocratiques. C’est du neuf qui est en fait un retour à des formes très anciennes d’organisation politique que l’on croyait disparues. »

« Ce type d’organisation peut conduire en réalité à une plus grande centralisation, renchérit Florence Haegel. On est dans une situation d’individualisation face à un leadership extrêmement centralisé. » Les statuts dont s’est doté LRM sont, à cet égard, parfaitement éclairants. Les comités locaux peuvent se structurer comme ils l’entendent mais les « référents », qui font le relais entre l’organisation centrale et les comités locaux, sont désignés au niveau national. Pas plus d’élections pour les membres du conseil – le « parlement » de LRM –, mais parmi ceux-ci siégeront 25 % d’adhérents tirés au sort.

« Le militant est un emmerdeur »

Difficile, dans ces conditions, de trancher en cas de désaccord, tant à LFI qu’à LRM. La question est encore plus troublante à LFI puisque, pour l’heure, l’organisation ne s’est pas dotée de statuts. L’« équipe opérationnelle » qui constitue la direction de fait du mouvement ne procède d’aucune élection. Une convention doit être réunie en novembre pour envisager un mode d’organisation. Là non plus, pas de délégués issus et légitimés par les structures de base mais « des insoumi-se-s tiré-e-s au sort ».

« Le tirage au sort, c’est le cache-sexe de la non-démocratie interne. On est là précisément dans le modèle de la démocratie de supporteurs », s’insurge Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques

« Le tirage au sort, c’est le cache-sexe de la non-démocratie interne, s’insurge Rémi Lefebvre. On est là précisément dans le modèle de la démocratie de supporteurs. Le fait qu’il n’y ait pas d’adhésion justifie qu’il n’y ait pas de démocratie, puisque la démocratie suppose que l’on sache qui sont les adhérents et qu’on leur donne les moyens de se prononcer. »

« Le militant est un emmerdeur », résume Frédéric Sawicki. Or, si le mode de militantisme a changé, si ceux qui sont prêts à s’impliquer ne sont pas disposés pour autant à passer du temps en réunion, ils attendent quand même qu’on respecte leur parole. Ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas s’engager à plein temps qu’ils sont prêts à suivre en aveugle. C’est aussi ce qui peut engendrer de la déception. « Quand on fait l’effort d’associer les gens aux décisions, ils se donnent, et ils se donnent même beaucoup. Si vous leur demandez leur avis une fois tous les 36 du mois par Internet, il ne faut pas s’étonner qu’ils se détachent », prévient M. Sawicki.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon veut aussi, par l’intermédiaire de sa chaîne YouTube ou de ses universités populaires, participer à la « prise de conscience des gens », ce qu’en d’autres temps on appelait l’« édification des masses ». « LFI se conçoit comme une avant-garde éclairée qui doit politiser les milieux populaires, mais en rupture avec le modèle de l’avant-garde léniniste sur le plan organisationnel, analyse Rémi Lefebvre. A LFI, on a des gens très politisés, très éduqués. Pour eux, les réseaux sociaux peuvent constituer un substitut aux appareils politiques. A l’origine, les partis politiques, la gauche avaient une fonction de socialisation des milieux populaires. On peut se demander, cependant, si ceux-ci ne passent pas encore sous les radars. »

Dans l’un et l’autre cas, ces mouvements ont été portés sur les fonts baptismaux dans une perspective présidentielle. La question est de savoir ce qui va alimenter leur dynamique entre deux présidentielles. LRM peut-elle se contenter d’être un relais de l’action gouvernementale ? LFI, pour sa part, mise sur l’insertion dans les mouvements sociaux. L’expérience prouve qu’une organisation politique, quelle que soit sa forme, ne peut s’en satisfaire. Sinon, à quoi sert d’être organisé politiquement ?
Bonne lecture
Bernard

Bernard

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